Pas de relocalisations sans 5G !
Tribune parue le 29 octobre 2020 dans Les Echos co-écrite par Philippe Varin, Président de France Industrie, et Godefroy de Bentzmann, Président de Syntec Numérique
Cessons les vaines polémiques consistant à déguiser la 5G en gadget technologique, écrivent Godefroy de Bentzmann et Philippe Varin. Cette technologie est essentielle pour réussir l’industrie du futur.
Alors que le gouvernement va attribuer les nouvelles fréquences 5G, un groupe d’élus locaux réclame un moratoire d’ici à l’été 2021, qui fait le buzz en cette période d’incertitude. Pour empêcher son déploiement, ces élus dénoncent « l’absence d’étude d’impact climatique et environnemental ».
Ces arguments sont nettement contestables au vu du rapport conjoint du Conseil général de l’environnement et du développement durable, du Conseil général de l’économie, de l’Igas et de l’IGF remis le 15 septembre dernier au gouvernement. Ce rapport, très équilibré, confirme d’ailleurs celui de l’Anses. Mais les élus signataires contournent ces expertises officielles, préférant prendre l’opinion à partie pour rééditer les controverses organisées dans le passé sur d’autres innovations dont les bénéfices sont aujourd’hui perceptibles et reconnus par tous.
Au-delà de la polémique consistant à déguiser la 5G en caprice technologique, on occulte le fait majeur que cette technologie est essentielle pour réussir le passage de notre industrie vers l’industrie du futur, et permettre aux Français d’accéder aux bénéfices de la télémédecine, de mobilité, de domotique ou de sécurité que promet la 5G.
Une technologie décisive
La maîtrise de cette technologie est stratégique pour gérer les process de fabrication des usines connectées aux performances augmentées. Plus digitalisées, plus agiles et plus écologiques, ces usines reposent en effet sur des technologies radicalement nouvelles et activées par la 5G : capteurs intelligents, impression 3D, réalité virtuelle et augmentée, Internet des objets et robotique avancée.
La vitesse accélérée des communications 5G entre humains et machines permettra de détecter instantanément les défauts de production, et rendra les conditions de travail des salariés plus agiles (télétravail), plus sécurisées et moins pénibles, permettant une concentration sur les tâches à plus forte valeur ajoutée.
Les caractéristiques de la 5G et ses applications en font une technologie décisive. Or, nous avons pris du retard vis-à-vis d’autres pays qui en disposent déjà comme la Chine, les Etats-Unis, la Corée du Sud ou, en Europe, le Royaume-Uni, l’Allemagne, l’Espagne ou l’Italie.
Notre propos ne cherche pas à opposer économie et écologie. Pour réussir la transition écologique, la consommation d’énergie est un vrai sujet, et le déploiement de la 5G est un progrès majeur en matière d’efficacité énergétique et de réduction des émissions de CO2 que rendent possibles l’éco-domotique et l’intelligence des bâtiments, des machines et des véhicules. Les stations 5G sont moins énergivores que leurs précédentes générations moins efficientes (2G et 3G) vouées à disparaître.
Réduire les flux, une utopie
Croire qu’un moratoire va réduire la croissance des flux de données est utopique : la forte augmentation des usages numériques actuels génère un tel flux de données mobiles que nos réseaux doivent s’adapter. Pour l’Arcep, les fréquences actuelles ne permettront pas de répondre à l’accroissement continu du trafic et la 5G est en capacité d’y répondre, en quantité et en qualité. Ne pas y recourir induirait une limitation des flux numériques à venir, pour les entreprises et pour les ménages… et donc un recul de la liberté de communication.
Nous avons la responsabilité collective d’expliquer aux Français les bénéfices de la 5G.
Nous avons la responsabilité collective d’expliquer aux Français les bénéfices de la 5G afin qu’ils se l’approprient pour leurs besoins futurs. Il faut donc éclairer nos concitoyens sur son innocuité en accordant davantage de crédit aux expertises publiques indépendantes chargées de la sécurité des technologies, plutôt qu’aux « experts autoproclamés » dont la vision rétrograde risque d’évincer la France de la compétition mondiale.
Une certitude demeure : c’est seulement par les innovations technologiques comme la 5G que nous répondrons aux enjeux de relocalisation, de réindustrialisation et de décarbonation de notre économie.
Godefroy de Bentzmann est président de Syntec Numérique. Philippe Varin est président de France Industrie.