[L’Express] L’Europe réagit-elle à la mesure du plan Biden ?
Dans sa rubrique « dans la mêlée », L’Express daté du 20 avril confronte les points de vue d’Elvire Fabry, chercheur senior à l’Institut Jacques Delors, et d’Alexandre Saubot, Président de France Industrie, à propos de la réponse européenne à l’Inflation Reduction Act des Etats-Unis.
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Non / « la réindustrialisation risque de ne pas être au rendez-vous » par Alexandre Saubot
« Faire de l’Europe un continent à la pointe de la lutte contre le réchauffement climatique est une belle ambition. Y parvenir sans affaiblir notre industrie et réduire notre souveraineté est un défi redoutable. Le constat est sans appel. La compétitivité de notre industrie s’érode au profit d’autres parties du monde où les les plans de soutien sont massifs et les charges moindres.
Afin de rester un acteur majeur d’une économie sans CO2, l’Europe doit accompagner la décarbonation de manière compétitive. Si je salue l’attention politique portée à notre réindustrialisation et les efforts consentis ces derniers mois, je suis préoccupé par les effets que nous pouvons en attendre. La Commission a priorisé le consensus plutôt que l’ambition. Sur des sujets cruciaux, cette méthode produit des textes plus complexes qu’efficaces.
Je m’interroge sur l’impact réel d’une approche qui se focalise sur l’administration et non la réalité des entreprises. Nos concurrents ont compris que la force d’un instrument de décarbonation réside dans sa clarté, sa simplicité et sa rapidité de déploiement.
A l’instar de l’Inflation Reduction Act (IRA), l’Europe devrait inciter à investir et à simplifier les règles. Nous en sommes loin. De plus, le périmètre du Net Zero Industry Act (NZIA) présenté par Bruxelles est plus que partiel. Des technologies décarbonées (le nucléaire notamment) ou des matières premières clefs ne sont malheureusement pas prioritaires alors qu’il faudrait considérer l’ensemble des outils de manière technologiquement neutre.
Enfin, recycler l’argent non utilisé du plan de relance européen et déléguer le dimensionnement financier du NZIA à des Etats aux moyens hétérogènes et aux priorités parfois antagonistes ne suffira pas à donner aux acteurs économiques la visibilité nécessaire pour des investissements aussi lourds et incertains. En somme, si l’ambition européenne est légitime, la réponse semble insuffisamment ambitieuse et rapide au regard des moyens mis sur la table par les Etats-Unis.