[Les Echos] Energies renouvelables : une opportunité pour développer l’industrie
Tribune parue sur le site Internet des Echos cosignée de Jules Nyssen, Président du Syndicat des énergies renouvelables, Christine Goubet-Milhaud, Présidente de l’Union Française de l’Electricité (UFE) et Alexandre Saubot, Président de France Industrie.
« Nous saluons la volonté du Président de la République de réindustrialiser notre pays. Et nous saluons particulièrement le fait qu’il en ait fait la clé de l’atteinte de nos objectifs climatiques. Or, pour réussir sa réindustrialisation, la France devra pouvoir offrir à ses entreprises une énergie décarbonée et compétitive.
Il s’agit donc d’une boucle vertueuse qui place les industries vertes au coeur des enjeux énergie climat et nécessite de développer toutes les énergies bas carbone, et d’adapter nos réseaux de distribution et de transport. Et cette boucle a aussi pour conséquence de restaurer notre souveraineté énergétique (quand 60 % de notre consommation repose encore sur les énergies fossiles) et de protéger le pouvoir d’achat de nos concitoyens.
Urgence à court terme
Comment concrétiser ce nouvel élan ? En mobilisant tous les leviers de production énergétiques disponibles et en considérant leurs délais techniques de mise en oeuvre. L’électrification des usages est le premier levier de décarbonation.
Nos besoins vont être massifs, dès la décennie qui s’annonce. Quelle que soit l’ambition donnée à la relance du programme nucléaire, ses effets ne pourront seuls répondre à l’augmentation de la demande d’électricité et ne se feront sentir qu’à compter de 2035. Le développement de l’offre d’électricité renouvelable est donc incontournable à court terme, et ça tombe bien, car cette offre est aujourd’hui compétitive, technologiquement maîtrisée, et sa mise en oeuvre rapide.
Mais la décarbonation passe aussi par d’autres vecteurs, la chaleur renouvelable, les gaz décarbonés ou les biocarburants par exemple. Et ici, ce sont les bioénergies et d’autres formes d’énergies renouvelables qui offrent également des solutions, disponibles immédiatement, pour le logement, les process industriels, le transport.
Résilience et compétitivité
Enfin, dans le contexte actuel de précarité énergétique, les énergies renouvelables constituent un levier de résilience et de compétitivité majeur pour notre tissu industriel, en le protégeant contre la volatilité des prix des énergies fossiles à travers la signature de contrats d’énergie pluriannuels et à prix fixes, voire en permettant aux plus gros consommateurs industriels de devenir eux-mêmes producteurs de leur propre énergie.
Un dernier aspect mérite d’être souligné. Pour que cette boucle vertueuse se mette en place, il faut que l’industrie française puisse s’appuyer sur les filières industrielles d’avenir et d’excellence que sont les énergies décarbonées. Elles constituent en elles-mêmes une réalité industrielle déterminante et représentent aujourd’hui plus de 600.000 emplois répartis sur l’ensemble du territoire.
Investissement d’avenir
Nous avons déjà réussi à ancrer sur notre territoire des champions industriels, grands groupes, ETI, PME, dans l’éolien en mer ou les bioénergies par exemple. Mais nous devons poursuivre cet effort et voir émerger plus d’usines en France dans le domaine des énergies renouvelables. C’est possible. L’annonce récente d’une seconde gigafactory de panneaux solaires le démontre. Et la stratégie de réindustrialisation qui s’ouvre avec l’examen du projet de loi industrie verte doit nous rendre optimistes.
Le choix des énergies renouvelables est un investissement d’avenir et de compétitivité économique pour notre pays. L’enjeu est crucial, car c’est dans l’accomplissement effectif de ses ambitions industrielles que la France réussira son pari sur la neutralité carbone.«