Aller au contenu

[Le Figaro] « Il nous faut à présent définir une stratégie de long terme » : ces industriels qui se convertissent au militaire

La hausse annoncée du budget de la défense suscite l’intérêt croissant des industriels français. Dans Le Figaro du 28 mars, plusieurs journalistes (Valérie Collet, Emmanuel Egloff, Véronique Guillermard, Elsa Bembaron) soulignent que cette dynamique ouvre la voie à une reconversion stratégique de certaines industries civiles, notamment dans l’automobile, vers les marchés de la défense.

L’objectif : répondre à l’urgence de production d’équipements militaires tout en offrant un nouveau souffle à des sites industriels fragilisés. Le gouvernement y voit un levier de souveraineté et de réindustrialisation. Pourtant, sur le terrain, la transformation peine à se structurer. Aucune cartographie des entreprises mobilisables n’a encore été lancée, et les soutiens publics concrets font toujours défaut.

Quelques groupes ont néanmoins pris les devants. Thales, par exemple, a transformé son site de Pont-Audemer pour produire des composants stratégiques, créant de nouveaux emplois. De son côté, Europlasma, initialement spécialisé dans les déchets, relance la fabrication de corps d’obus pour répondre à la demande accrue liée au conflit en Ukraine.

Mais ces initiatives restent isolées. Le passage au secteur de la défense implique des contraintes spécifiques : délais de paiement, certifications techniques, besoin de trésorerie… Des freins importants, en particulier pour les PME.

Comme le rappelle Alexandre Saubot, président de France Industrie :

Le gouvernement s’attelle réellement à la réforme de l’État. » Car sans commandes fermes, les industriels ne pourront s’engager dans l’effort de défense, a fortiori s’il s’agit d’une reconversion. « C’est sur cette base solide que les besoins de financement, en fonds propres comme en dette, pourront être évalués et recherchés ».

Sans commandes fermes ni vision à long terme, la reconversion industrielle restera une opportunité inexploitée.