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[La Tribune] Cette période est l’occasion de créer des champions industriels européens

La Tribune publie le 9 Avril, l’échange entre le journaliste Pierrick Merlet et Alexandre Saubot, président de France Industrie, concernant sa position sur la réponse européenne à la guerre commerciale déclenchée par Donald Trump.

Réuni avec le Conseil National de l’Industrie autour du ministre Marc Ferracci, Alexandre Saubot insiste sur l’importance d’une réaction collective :

« Il faut se battre tous ensemble avec le souci d’arriver en position de force quand la vraie négociation va démarrer. […] Quelle qu’elle soit, il faut une réponse européenne ferme, coordonnée, rapide et adaptée. »

Pour notre président, les surtaxes douanières ne doivent pas être la réponse par défaut car elles risquent de nuire gravement à l’économie européenne. Il plaide pour une stratégie plus fine, combinant barrières non tarifaires, clauses de sauvegarde sectorielles et préférence européenne.

« Par ailleurs, la surenchère tarifaire va pénaliser l’industrie des deux côtés de l’Atlantique. »

La proposition de la Commission européenne d’un accord de libre-échange sur les biens industriels avec les États-Unis, lui paraît plus prometteuse que l’escalade protectionniste. Toutefois, il alerte sur la nécessité de garantir un équilibre, notamment en matière environnementale.

« C’est une bien meilleure piste que la surenchère commerciale. […] Il faut néanmoins tendre vers cet objectif de zone de libre-échange »

Alexandre Saubot voit aussi dans cette crise une opportunité de relocalisation industrielle. Il souligne l’importance de développer des offres locales de substitution, pour éviter de pénaliser les consommateurs européens avec une inflation importée.

« Il faut identifier les opportunités que cette crise commerciale peut créer. »

Plus largement, il dénonce la désindustrialisation occidentale orchestrée au profit de l’Asie, en particulier de la Chine .

« Cette prise de conscience mène à une situation dont l’Europe est une victime collatérale. »

Selon lui, le déséquilibre commercial entre l’Europe et les États-Unis sont partiellement biaisés, alors que les échanges de services et les flux financiers rétablissent une certaine équité.

« Entre l’Union européenne et les États-Unis, le déficit commercial est largement compensé par les excédents en matière de services. »

Enfin, alors que la Commission européenne envisage d’approfondir le marché unique et de réformer ses règles de concurrence, Alexandre Saubot y voit une opportunité à saisir pour bâtir une industrie forte en Europe. Il déplore que l’Union se soit trop longtemps privée de la création de grands groupes industriels au nom de la défense des consommateurs.

« L’Union européenne s’est elle-même interdite […] de créer des champions européens dans certains domaines. »

Pour lui, il est temps de mettre en œuvre un agenda ambitieux en matière de compétitivité et de simplification, afin de favoriser l’émergence de chaînes de valeur industrielles en Europe.