Baromètre industrie 4.0
La 7ème édition du baromètre Wavestone de l’industrie 4.0, organisée pour la première fois en partenariat avec Bpifrance et France industrie, témoigne d’une certaine continuité dans les tendances de fond, notamment en termes de maturité technologique et organisationnelle. Par ailleurs, de réels changements de paradigmes sur les enjeux et l’approche à l’industrie 4.0 émergent. L’illustration la plus flagrante est la progression de l’intérêt pour le concept clé de la transformation responsable qui devient un enjeu de premier plan pour les industriels.
« L’édition 2022 du baromètre met en lumière une exigence croissante sur l’impact écologique et par conséquent sur la résilience des schémas directeurs industriels. Elle se traduit par la prise en compte des enjeux de durabilité dans les programmes industriels 4.0. Toutefois, si la prise de conscience est là, de gros efforts et des approches pragmatiques sont nécessaires. L’accélération est indispensable, la digitalisation en est un moyen. » déclare Olivier Fontanille, Directeur chez Wavestone.
« Dans ce contexte sensible où les industriels sont soumis à d’innombrables défis externes et internes, le fait de se former, s’informer et s’équiper avec des technologies de l’industrie du futur, apparait comme une nécessité de premier plan pour garantir la durabilité de leur activité. » poursuit Teodora ENE, Manager Relations Corporate – Bpifrance Le HUB
« L’édition 2022 du « baromètre de l’industrie 4.0 » illustre la nécessité, pour les PMI et ETI qui constituent 90% de l’industrie française, d’accélérer encore leur transformation. C’est en s’engageant résolument vers l’industrie du futur (intégration des nouvelles technologies, digitalisation, gestion intelligente des données) que nous saurons répondre aux enjeux de résilience et de transition énergétique par la réindustrialisation. » conclut Vincent Moulin Wright, Directeur général de France Industrie.
L’impact écologique intègre le top 3 des enjeux de la démarche Industrie 4.0, devant l’innovation produit
Dans la lignée des 3 précédentes éditions du baromètre, 98 % des entreprises interrogées déclarent avoir lancé ou mis en route des initiatives Industrie 4.0. Néanmoins, les enjeux auxquels répondent ces initiatives évoluent de manière significative : l’impact écologique se hisse désormais à la 3ème place du classement, avec 15% des répondants. La notion de performance énergétique en particulier est devenue une nécessité et ressort comme la thématique la plus explorée.
Pour accompagner ce mouvement, les projets de renouvellement et de modernisation des SI d’exploitation représentent un levier important. En effet, outre l’amélioration de la productivité, de la qualité et de la traçabilité que peuvent apporter ces outils, ils permettent également de mesurer et d’apporter de la visibilité sur les ressources énergétiques consommées, les matières premières utilisées, ou encore de détecter et corriger les défauts pour éviter le gaspillage. Des basiques indispensables pour répondre aux enjeux environnementaux.
Pour autant, si l’industrie 4.0 apporte des solutions pour une industrie plus verte, elle fait aussi partie du problème. En effet, Les technologies digitales émettent 1,5 Milliard de tonnes de gaz à effet de serre (GES) et représentent 4% des émissions mondiales. Ce chiffre augmente de 8% par an, c’est-à-dire qu’il double en 10 ans. Il est donc de la responsabilité des acteurs de tirer le meilleur profit de ces solutions, pour que les coûts environnementaux soient contrebalancés par de vrais bénéfices.
Une transformation durable qui peine à se concrétiser
La prise de conscience sur l’urgence environnementale est bien présente, puisque +90% des répondants ont entamé une réflexion autour de leur transition environnementale. Néanmoins, les projets peinent à se mettre en place avec seulement 30% des entreprises industrielles qui ont enclenché leur plan d’actions en la matière. Le manque de temps (60%) et le manque de budget (50%) sont les deux premiers freins identifiés par les répondants.
Vers une industrie 4.0 plus verte : la culture du partage doit primer sur la course à l’avantage concurrentiel
Aujourd’hui, pour accélérer cette transition durable, le marché doit effectuer un véritable changement de paradigme pour passer à une logique d’écosystème et de mutualisation des efforts. Cela représente un changement profond des logiques industrielles. Un exemple de cette tendance résiduelle au « chacun pour soi » mesuré par l’étude est le manque de participation des industriels à des communautés pour connaître et promouvoir le Made In France. En effet, alors que la résilience locale va devenir un véritable enjeu, comme l’ont récemment démontré les crises successives, seuls 28% des répondants déclarent participer activement à des échanges sur ce thème. Pourtant, l’émergence à temps d’une industrie 4.0 qui dépasserait les buts strictement financiers pour prendre en compte les attentes écologiques et sociétales doit être perçue comme un défi collectif, qui prime sur les intérêts particuliers.